Everest, 8848m - NEPAL/TIBET - HIMALAYA - Face Nord, versant Tibétain - Ascension par l'arête Nord, et tentative descente à skis du couloir NORTON

Dates : du 4 avril au 30 mai 2007

Alpinistes : Jean Marc NOWAK - Jean-Noël URBAN, Didier LEGRAIN, Eric BATAILLOU, Bruno MARTHE-GUERIN, Gérard RODRIGUEZ

Carte - Situation Générale - Topo

L’Everest, en tibétain Chomolungma, en népalais Sagarmatha, aussi appelé mont Everest, est une montagne située dans la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre le Népal (Sagarmatha) et la Chine (Tibet). Il est aperçu par des Européens pour la première fois en 1847 puis, après quelques années d'observations et de calculs, son altitude est établie à 8 848 mètres et il est identifié comme le plus haut sommet du monde au-dessus du niveau de la mer. Cette caractéristique lui vaut d'être baptisé de son nom actuel par les Occidentaux en 1865 et, dès les années 1920, de lui attirer l'intérêt des alpinistes qui se lancent à l'assaut de ses pentes.
Plusieurs expéditions, en particulier britanniques, se succèdent depuis le nord.
Toutefois, les conditions climatiques extrêmes font leurs premières victimes, parmi lesquelles George Mallory et Andrew Irvine, en 1924, dont on ne saura probablement jamais avec certitude s'ils ont atteint le sommet.
En 1950, le Népal autorise l'accès à la montagne depuis le sud offrant des possibilités d'ascension par l'arête Sud-Est, moins périlleuse. Finalement, trois ans plus tard, Edmund Hillary et Tensing Norgay réussissent à vaincre l'Everest.
Dès lors, les exploits en tous genres s'enchaînent, alimentant les fantasmes populaires ; mais, en 1996, une série d'accidents mortels vient rappeler les dangers liés à la montagne, portant de nos jours à plus de 200 le nombre de victimes.
Pourtant, le tourisme de masse se popularise, fragilisant le milieu malgré les créations du parc national de Sagarmatha en 1976 et de la réserve naturelle du Qomolangma en 1988.
Ainsi, plus de 14 000 alpinistes ont tenté l'ascension depuis 1922 et plus de 4 000 l'ont réussie, bien aidés, pour la majorité d'entre eux, par les porteurs sherpas.

Compte Rendu expé :

Parti avec une solide expédition monégasque, j'ai gravi ce printemps, l'EVEREST, versant tibétain par l'arête NE et tenté la descente à skis du couloir Norton.
On atteind le CB à 5200m en jeep, le CBA est à 6400m. Ensuite, on a 3 camps, respectivement à 7050m au col Nord, de 7500 à 7700m le C2, le C3 , de 8100 à 8300m.
Après les acclimatations, le sommet est réussi le 19 mai, j'essaye le Norton à skis mais les conditions dangereuses me font renoncer et je redescends par l'arête et skie entre le C2 et le C1 (voir mon récit envoyé par email, à mon retour du sommet). J'ai utilisé l'apport d'O2 artificiel au dessus de 8000 pour la première fois ...Mais il fallait ça pour une tentative à skis. L'automne devrait être plus propice pour skier intégralement le Norton, après la mousson, à condition qu'il n'y ait pas trop de danger d'avalanches...

22 mai 2007, au BC, après l'ascension :

Hyaghiallello. (Les dieux ont vaincu, en Tibétain)
Bon, ca y est, j'ai gravi l'Everest .
Histoire d'aller jusqu'au bout, j'ai également essayé de faire 3 virages à skis dans le couloir Norton mais les légères chutes de neige , ventées, soufflées, à peine déposées sur les rochers - plaques a vent, poches d'air etc. - ont rendu les conditions tres dangereuses. Lorsque j'ai pris la décision de chausser au pied de la pyramide sommitale - j'étais très frais et pas épuisé du tout - je me doutais bien de l'instabilité de la neige après avoir observé durant des jours et le matin même. Au moment ou j'ai déclenché mes virages, c'est parti tout autour de moi ,je me suis retrouvé sur les rochers, et j'ai donc pris la décision de renoncer à cette fabuleuse descente, ou j'avais 3 ou 400m de dénivelé, à travers des barres rocheuses pentues, puis 2500m de couloir et face engagée avant de retrouver la tente mise au pied de la face nord.
Ca aurait été pure folie ou suicide de continuer. Je suis redescendu le jour même au CBA , content d'avoir fait le sommet.
Au niveau du timing, j'avais prévu le sommet le 19, ( d'après le routeur, pas trop de vent et bonnes conditions), ce qui a donne un départ du CBA le 16, après avoir attendu quelques jours.
Le 17: C1- C2, le 18: C3 et le 19 sommet et retour CBA.
Au niveau physique et moral, aucun problème, je ne me suis posé aucune question.

Il y a eu des petits soucis d'organisation et de logistique, les sherpas montaient les tentes au dernier moment, au lieu d'anticiper, ce qui m'a valu d'attendre à chaque camp et notamment au C3 ou arrivé en avance à 12h, j'ai du patienté jusqu'à 17h, les sherpas ne retrouvaient plus les tentes enfouies sous la neige. Vu qu'on part vers 22h/23h de ce camp, à 8300m, ca fait pas trop de repos.

Un peu agacé d'avoir perdu ce précieux temps, je suis parti comme une balle vers les 23h. Devant moi, dans la nuit une cohorte de frontales avançant très lentement me ralentit. Je prends la décision de shunter la trace pour doubler et me retrouve seul dans la nuit, à mon rythme, avec du champ devant moi, ce que j'aime. Il fait à peine froid, j'aperçois plus haut les lumières de ceux partis plus tôt, vers 21h. Je les rattrape sur l'arête vers minuit et quelques, et d'un coup, je pense a mon sherpa qui devait me suivre avec mes skis. Il faut dire que pour l'Everest les 99% des expes prennent l'option grand confort, avec Sherpas, apport d'02 artificiel etc..Ce n'est pas de la technique alpine comme j'ai l'habitude de faire avec les potes. Du coup, entre l'O2 et le fait qu'on me porte les skis,j'ai des ailes. Quel luxe par rapport a mes autres expes! Bon, j'ai les pompes de skis aux pieds, moins de flexibilité qu'une chaussure d'alpinisme classique, un peu plus fatigant mais les Dynafit sont tout de même légères.Je régle la bouteille la bouteille d'O2 sur 2 (on peut aller jusqu'a 4) histoire de ne pas trop tomber dans la facilité! Mais mon sherpa n'est pas la!!! Surement très loin, pris dans les embouteillages plus bas. Je poirote plus d'une heure et demi en l'attendant, je ne comprends pas pourquoi il n'a pas doublé.Enfin je vois mes skis arriver et je lui fais signe d'accélérer. Il me suit un petit moment, je refais la trace que le vent balaye sans cesse, mais je le sens faiblir et ne pas suivre la cadence. C'est le monde à l'envers! Normalement, les sherpas sont des brutes en altitude , la il est fatigué malgré l'apport d'02 pour lui aussi, c' est moi qui le tire.Pour le soulager je prends les skis histoire qu'il reprenne un peu de force.
On arrive au second step, avec les passages plus difficiles, et après avoir un peu récupérer il reprendra mes skis mais je le vois avancer péniblement et je file au sommet tout seul, tout en lorgnant sur les pentes du Norton. La cime ou tout le monde rêve d'y poser les fesses dessus arrive très vite (alors qu'on m'avait prévenu de la longueur). Il y a juste 2 personnes venant du Népal et peu de temps après 2 autres français de l'expé de Chamonix devaient me rejoindre.
D'en haut, je vois en vrai ce que j'ai feuilleté sur les bouquins depuis des années, le Makalu, le Lhotse, d'autres 8000 que j'ai déjà gravis ou en partie comme le Shishapangma ou le Cho Oyu, les hauts plateaux du Tibet , le Népal , une myriade de sommets et de vallées. Je reste une bonne heure sur ce point géographique indépassable de la terre et rejoins mon sherpa assis en contrebas de l'arête, puis redescends avec la ferme intention de chausser, ce que j'ai fait et vous connaissez la suite.
Pour assouvir mon envie de tracer je skierai l'arête entre C2 et C1.
Je forcerai encore Nihma à descendre plus vite.
Du cote de l'expe, un peu plus tard que moi Bruno arrive au bout d'un long combat, et c'est au tour d'Eric le lendemain. C'est une belle réussite pour Monaco , JM Nowak le chef d'expe peut être satisfait. Cote ambiance entre nous c'etait extra on s'est super entendu, juste quelques petits problème de logistique avec l'agence.

Je ne me sens ni très fier, ni glorieux, ni l'âme d'un vainqueur ou d'un conquerant. Juste léger, et encore un peu plus libre.
Bien sur dans la boite aux lettres je vais retrouver quelques factures qui vont me rappeler le monde dans lequel je vis, d'ailleurs je ne le renie pas, puisque libéral convaincu, c'est grâce à cet argent que je peux m'évader (et non pas fuir). Le reste de l'année je suis assez conformiste, mais la, je peux m'exprimer dans cette nature souveraine que j'aime tant, ou les humains ne commandent pas, une des centaines de raisons qui me font partir depuis tant d'années.On pourrait épiloguer sur 2 ou 3 tomes!

Ma soif d'aventures montagnardes et de voyages est loin d'être étanche puisque je repars dans moins d'1 mois avec Nico Brun pour le Nanga Parbat (8125m) au Pakistan , ou là, pas de sherpas, technique alpine de rigueur, charges lourdes, passages techniques, pas d'O2, parois de 4 km de haut, un monstre où je tenterai la descente à skis.Puis à l'automne ce sera le Daulaghiri.
Pour l'heure, je vais me reposer (j'ai un orteil gauche un peu abimé, le même qui gèle souvent), je profite de ces moments magiques où je me sens serein et contemplatif.
Merci à tout ceux qui m'aident, avec leur chéquier, le matériel, leur service, le mail ou la pensée. Hyagiallelho, les dieux ont vaincu.
JEAN-NOEL URBAN, homme libre, Camp de Base nord de l'EVEREST, TIBET, CHINE

Photos expé :

Historique du sommet :

 

Contexte geopolitique :

nc

Contact agences :

nc.

Liens utiles :

nc

+ d'infos sur le sommet :

nc