Le cairn - décembre 2008 et février 2009 :

 

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6 sept 2008 :

Une plaque a été posée, sur le cairn au pied du Grand Aréa, une urne sera déposée afin de pouvoir y laisser vos messages. Un deuxième cairn a été commencé au sommet du Grand Area, bien visible depuis le sentier.

 

 

 

13 juil 2008 :

Le 1er cairn a été déposé au pied du Grand Aréa (altitude 2180 mètres) : voir les photos.

Accès : A St Chaffrey, prendre direction Villard Laté et la route du Col du Granon jusqu'à l'altitude 2171. Dans un virage en épingle à droite, emprunter la route en terre carrossable à gauche à 2,5 km du sommet du Col et se garer quelques mètres plus loin, devant le lieu communément appelé "Bergerie St Joseph", où se trouve une petite barraque en pierres. Marcher (moins de 5min) vers le départ du sentier menant au Grand Aréa. 50m avant le départ balisé de ce sentier, une trace sur la gauche mène au Cairn, au pied des éboulis venant des pentes de l'Aréa.

20 juin 2008 :

L'expédition s'est terminée le mercredi 18 juin 2008, suite à l'accident qui a eu lieu vers 5h du matin.
Juste en partant du C2 pour redescendre vers le CB, au passage de Jean-Noël, un pont de neige a cédé, Jean-Noël est tombé dans une crevasse, énorme, laissant que peu d'espoir de le récupérer.
Le 19 et 20 juin, les conditions meteo sont telles (vent, brouillard, neige) que les recherches sont finalement abandonnées.
Le 22 juin, Nicolas quitte le CB pour le trek retour, puis Skardu, 5 jours plus tard, et retour a Serre Che debut juillet

27 juin 2008 :

Nicolas Brun, de retour à Islamabad vendredi 27 juin, donne des précisions sur les circonstances de l'accident :

De retour à Islamabad, ce vendredi 27 juin 2008, et les formalités administratives accomplies, je tiens à vous apporter quelques précisions sur l'accident qui a coute la vie a Jean Noel.

Le 18 juin au matin, nous sommes à 6500 m au camp 2 du Gasherbrum 1, au pied de la face Nord ouest, au col "Ghasherbrum La", ou "Selle des Gasherbrum", qui sépare les Gasherbrum 1 et 2. Nous étions arrivés la veille, après deux jours d'ascension et avions décidé de dormir au col afin de terminer notre acclimatation. La montée au camp 1 avait été, l'avant veille, très éprouvante et stressante en raison d'une neige cassante sur un terrain tres accidenté, avec de nombreuses crevasses à franchir. La montée du camp 1 au camp 2 fut par contre plus tranquille, grace à une neige dure et portante, sans gros risque apparent.

Après cette nuit paisible à 6500 m au camp 2, nous avions prevu de redescendre tous les deux très tôt vers le camp de base, à pied puisque nous n'avions pas encore monté les skis. Nous quittons le camp à 5h du matin, par grand vent. Etant données les bonnes conditions entre le camp 2 et 1, Jean Noel décide que nous nous encorderons un peu plus bas, une fois arrivés dans les pentes au dessus du camp 1. Il a la corde dans son sac, et ouvre la marche. Nous cheminons quelques minutes, sur une centaine de mètres à plat. Je suis à 5 metres derriere lui lorsque le sol toujours plat et sans aucun signe apparent de crevasse, se dérobe soudainement sous ses pas. Je l'ai vu disparaitre instantanément. Je me suis approché avec precaution du bord de la crevasse : un pont de neige s'était effondré, sur une longueur de cinq metres, une largeur d'un mètre, et une épaisseur de 80 cm. Nous étions très vraisemblablement passés tout près la veille, sans rien déceler.

La crevasse semble extrêmement profonde, je n'en vois pas le fond, et mes appels répétés restent sans réponse...Je rejoins la tente en revenant sur mes pas avec le sentiment qu'il n'y a qu'une chance infime que Jean Noel ait survécu à sa chute. Une cordée italienne me rejoint quelques heures plus tard, de retour de l'arête du Gasherbrum 2 après une tentative de sommet. Il s'agit de Roby Piantoni, guide de haute montagne, et de Marco Astori, alpiniste chevronné et sauveteur en montagne. A 9 heures, nous rejoignons tous les trois le bord de la crevasse. Il n'y a toujours aucune reponse à nos appels. Les Italiens constatent les dimensions énormes de la crevasse, qu'ils estiment d'une profondeur de 40 metres au moins. Ils confirment sans hésiter mon sentiment : une chute dans une telle crevasse ne laisse aucun espoir.

Quoiqu'il en soit ... la crevasse a une configuration particulierement problématique, avec ses parois raides et déversantes, nous ne disposons pas de matériel suffisant pour y descendre (les Italiens n'ont qu'un brin de corde de 5 mm et long de 40 m seulement), nous sommes à 6500 m et les conditions de vent sont toujours tres rudes... nous n'avons pas d'autre choix que de redescendre ensemble rapidemment vers le camp de base.

Arrivé au camp de base vers 19h30, j'alerte notre agence North Pakistan à Islamabad avec le téléphone satellite. Nous faisons une demande d'helicoptère pour le lendemain matin. Nous réunissons le materiel de secours nécessaire : si l'hélico peut monter, nous espérons qu'il pourra nous déposer à 6500 m. Le lendemain, le 19, les conditions météo sont telles (vent, brouillard, neige) que l'hélicoptère de l'armée pakistanaise ne peut décoller de Skardu. Cette impossibilité de vol se maintient toute la journee. A la mi-journée, je décide, en concertation avec les Italiens, d'annoncer officiellement le déces de Jean Noel. Nous maintenons néanmoins le projet d'un secours héliporté pour le lendemain, sans plus de succes, la météo ne s'améliorant pas. Le 22, je réunis nos affaires et quitte le camp de base pour le trek de retour accompagné d'un petit groupe de porteurs baltis. Au dernier soir du trek,au pied du glacier du Baltoro, ils ont tenu à honorer par des chants la mémoire de Jean Noel, avec beaucoup de simplicité et d'émotion.

Nicolas Brun, Islamabad, le 27 juin 2008